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artculinaireetcitationsberberes
8 décembre 2012

Le bouc anthropophage.

 

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          Autrefois, disent les anciens, il ne s’écoulait pas une semaine sans qu’un événement extraordinaire ne vînt bouleverser un tant soit peu la monotonie du quotidien.

C’est ainsi qu’un vannier, revenant un jour du marché, rencontra un bouc errant au bord de la route, loin de toute habitation et pâturage.
Il l’attrapa et scruta les alentours dans l’espoir d’apercevoir la silhouette d’un hypothétique berger auquel l’animal aurait éventuellement faussé compagnie, mais son regard perçant de montagnard ne rencontra que plaines, arbres, montagnes et collines.
Il décida alors de l’emmener chez lui et de l’y garder jusqu’à ce que son propriétaire se manifestât. Une demi-heure plus tard, il lui passait une corde autour du cou et l’attachait dans un coin de sa maison.
Le soleil déclinait à l’horizon et s’apprêtait à disparaître derrière les cimes enneigées du Djurdjura.

Le vannier, à la lueur d’une lampe à huile achevait de tresser une corbeille promise à une voisine pour le lendemain ; ses deux enfants, blottis dans un coin, jouaient aux osselets pendant que leur mère, dans un autre coin, roulait du couscous, tout en lançant de temps à autre des regards fugaces teintés d’appréhension en direction du bouc.

C’était à la suite de l’un d’eux qu’elle vit l’horreur : L’une des pattes de devant du bouc se métamorphosa soudain en bras humain ! L’animal porta alors sa main à sa barbiche qu’il s’était mis à tirailler comme pour proférer une menace.

La femme se leva et, en proie à une indicible terreur cria :

-Vite, homme ! Fais sortir ce bouc de la maison ! C’est un démon…il vient de me menacer avec sa main !

-Calme-toi femme, répondit le mari, c’est seulement ton imagination qui te joue des tours !
La femme se calma, contempla longuement le bouc et alla se rasseoir, confuse et ne sachant que penser.
Le mari qui avait repris son travail, ricanait sous cape :
« Ah ! Les femmes ! Quelles créatures débiles ! »
Au bout de quelques instants, la femme risqua un autre coup d’œil et vit la créature récidiver son geste insolite.
Elle lança alors un de ces cris à faire sursauter les trépassés ; les enfants cessèrent de jouer et le père laissa choir corbeille et fibres végétaux avant de s’écrier, agacé :

-Qu’y a-t-il femme ?
-Le b…bouc…il m’a encore m…mm…mm…menacée !
-Mais tu es devenue folle, femme !
-Sors-le ou c’est moi qui sortirai !
-Sors si tu veux, le bouc restera ici tant que son propriétaire ne s’est pas manifesté !
La femme prit alors ses deux enfants et alla passer la nuit chez une parente habitant non loin de là.
Les cimes enneigées avaient été dévorées depuis peu par les ténèbres. Le vannier, demeuré seul, s’apprêtait à se lever pour faire ses ablutions du soir lorsqu’il vit le bouc s’approcher de lui…parler d’une voix qui semblait venir de très loin :

« Bonjour, homme ! »
La surprise fut si brutale et la terreur si intense qu’il tomba à la renverse ! Il se leva rapidement et courut jusqu’à la porte qu’il trouva fermée ! Son cœur se mit à battre très fort : en partant, sa femme l’avait laissée ouverte ! Qui avait bien pu la fermer sans qu’il ne se rende compte ? IL n’eut pas le temps de se poser qu’autres questions ; le bouc s’était approché de lui et lui avait demandé :

-Prends-moi dans tes bras, homme, et berce-moi !
-Te b… bercer ?
-Oui. Et ne t’arrête que quand je te le dirai ! Ne pouvant ni s’enfuir, à cause de la peur qui le paralysait, ni envisager un combat insensé avec un démon, le malheureux vannier se résignant et se mit à bercer l’étrange animal.
Cette invraisemblable scène dura jusqu’à ce que ses forces abdiquassent. C’était le moment qu’attendait l’autre pour se remettre à parler.
-Je suis ton Destin, homme, et je suis venu te tuer. L’homme qui était au bord de l’évanouissement, lui répondit :
-Fais ce que bon te semble. -Je dois te dévorer, homme ; par où dois-je t’entamer ?
-Par la tête ? -Par la tête ?
Et pourquoi ?
-Parce qu’elle est têtue et qu’elle n’a pas écouté les plaintes de ma chère femme !
Le lendemain matin, l’épouse revint, elle ne trouva ni mari, ni bouc.

C’est là que se termine la légende et il semble que c’est depuis cette incroyable histoire que les hommes suivent les conseils de leurs femmes, à l’insu des autres biens sûrs, puisque devant amis et voisins, ils s’ingénient à montrer qu’ils sont maîtres de leurs décisions et que leurs épouses n’ont pas voix au chapitre !

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