19 février 2013
conte berbère : l amour du pauvre
azul fellawen
l'amour du pauvre
*
La beauté
ravageuse de Ouardia était légendaire et faisait pâlir les astres.
À sa vue, les
gens l'admiraient et se retournaient sur son passage. Tout le monde voulait la saluer. L'eau de la fontaine battait la mesure, les oiseaux chantaient , les branches d'arbre se prosternaient
.
Que de
louanges sur sa beauté!
Sur le chemin
de la fontaine, dans une démarche féline, aux pas tantôt nuancés tantôt cadencés, elle portait une cruche à son dos. À l'eau claire de la source, elle retroussa les manches et remonta ses
bracelets, pour se rafraîchir le visage. Elle but dans les paumes de ses mains pour se désaltérer. Elle trempa ses pieds. Elle rinça la cruche et la posa délicatement sous le flot pour la
remplir.
Chemin
faisant, dans son regard de velours, avec son sourire de douceur, elle salua les passants de sa voix envoûtante. Elle avait le mot pour plaire.
Dans les
champs et les prairies, certains bergers caressaient leur flûte et entonnaient des airs mélodieux et des paroles mettant en valeur les charmes et la beauté de Ouardia. Ces chansons sont encore
reprises dans les fêtes, de village en village, en boule de neige , ces neiges éternelles du haut Djurdjura qui veille sur Tizi-Hibel:
"Ouardia
l-Lounis
Igavgha
wuliw
Mi tid
smektagh
Ijah
errayiw"
L'élue des
filles du village, était la convoitise de Mohand Arezki.
Ce jeune homme
aimait très fort Ouardia. Il en était fou amoureux et vaincu par la dépendance pour cette femme. Quand il la voyait, son coeur battait la chamade. Il le sentait vouloir sortir de sa poitrine pour
s'emparer d'elle.
Fuyant la
réalité au quotidien, il égaya sa vie de chimères.
Dans son
imaginaire, il rêvait de vivre avec elle, d'amour et d'eau fraîche, habitant une chaumière dans l'empire de la misère.
Troubadour, il
chantait:
"Txilem a
yemma
Riyid l
jawab
Aghiyid
taqccict
Ukud nem
âjab
Anezdegh
atemmu
Elqewt
ad-enjab"
Il voulut
faire comme tout le monde, et alla demander la main de Ouardia à son père. Celui-ci refusa le jeune homme pauvre .
Fou de colère,
il prit le chemin de l'exil à la recherche de la fortune .
L'exilé de
circonstance revint bredouille et trouva sa bien aimée mariée. Ouardia épousa, contrainte par son père, un vieux monsieur riche d'une contrée lointaine.
Sur les
routes, Mohand Arezki erra pitoyable, victime de sa passion. Il devint la risée des enfants qui le poursuivirent en chantant le sobriquet:
"abuh a-l
ghaci
Mohand
Arezki
D-ahcayci"
Mohand Arezki
naquit pauvre, vécut pauvre et mourut pauvre.
Bonne
lecture
un grand merci pour thala de thayri.com pour ce partage fabuleux de contes berberes
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