Tounarouz et le prince , un conte Amazigh
Tounarouz et le prince , une conte
Amazigh :
Il était une fois dans une région du
haut Atlas, un vieux sultan et n’est sultan que Allah le tout puissant, qui était de caractère exigeant mais très honnête ; il était père d'une jeune fille, la princesse Tounarouz. Très curieuse
de tout, elle avait les yeux noirs comme la nuit, de longs cheveux et un voile qui recouvrait son visage.
Celle-ci désirait se marier le
premier jour du printemps et voulait comme cadeau le coffre en argent qui se trouvait au grenier et qui appartenait à son arrière-grand-mère. Il ne restait que cinq jours avant l’arrivée du
printemps et le roi n'ayant pas trouvé de jeune prince à qui marier sa fille. Le jour arrivé, très triste et ennuyé, le sultan alla voir sa fille pour lui dire que se marier ce jour-là
précisément était impossible. La princesse en fut très triste et alla dans sa chambre. Toda, sa servante lui demanda ce qui n'allait pas et la princesse lui répondit que son père avait dit
qu'elle ne pouvait pas se marier le premier jour du printemps. Toda, qui était un peu sorcière, lui donna une pierre et lui dit :
" Frotte cette pierre sur ton cœur et
en même temps fais un vœu et il se réalisera le jour que tu désires "
Et elle fit ce que la servante lui
avait demandé. Tounarouz demanda bien sûr de se marier avec un prince le jour de son anniversaire. Quand le grand jour fut arrivé, le sultan fit descendre le coffre en argent jusqu'à la salle du
trône et ordonna de le déposer devant sa fille.
Et quand Tounarouz l'ouvrit, elle
poussa un cri. Car, devinez ce qu'il y avait à l'intérieur ? Dans le coffre, se trouvait un jeune homme aux yeux bleus comme la couleur de la rivière près de la Kasbah. Le jouvenceau avait les
cheveux bruns et un chapeau sur la tête.
" Qui êtes-vous ? " demanda la
princesse.
" Je ne peux pas vous le dire, mais
je suis venu vous demander votre main si votre père est d’accord "
Certes le prince était beau mais le
sultan et la princesse se demandaient s'il était bon et courageux. Aussi le sultan dit-il au prince que pour obtenir la main de sa fille, il fallait combattre le « Ghoul à sept têtes » qui
régnait dans la forêt près de la rivière qui coulait près de la Kasbah. Le lendemain matin, le jeune homme, armé d'une épée, alla à cheval jusqu'à la forêt où se trouve le « Ghoul à sept têtes
».
Une fois arrivé à la forêt et au bout
de quelques instants, le jeune homme sentit la terre trembler en dessous de lui et vit les arbres bouger. Soudain apparut, tachetée de rouge entre les arbres, une grosse créature à sept têtes
vertes. Le « Ghoul » commença à jeter des flammes qui entourèrent le jeune prince qui s'alarma :
" Mon dieu, que vais-je faire entre
ces flammes ? ".
Mais au moment où il allait se faire
brûler, une chose surprenante arriva : la rivière sortit de son lit et se dispersa dans la forêt qui fut inondée. Le jeune homme profita de cet effet de surprise pour couper les sept têtes du «
Ghoul » d’un seul coup puis il les emporta dans un grand sac et retourna au village sur son cheval blanc. Une fois arrivé au village, il déposa le sac devant le sultan et sa
fille.
" As-tu tué le Ghoul ? " demanda le
roi.
" Oui " répondit le jeune homme et il
ouvrit le sac.
" Donc je t'accorde la main de ma
fille " reprit le sultan.
Et c'est ainsi que la princesse put
épouser le prince. Ils vécurent quelque temps heureux, mais un jour qu'ils mangeaient au bord d'une rivière bleu turquoise, Tounaruz demanda au prince d'où il venait et comment il
s'appelait.
" Si je te le dis, il nous arrivera
un malheur "
Mais la princesse insista tellement
que le prince allait commencer à lui dire qui il était et d'où il venait quand il se reproduisit le même événement qu'avec le «Ghoul» : la rivière ressortit de son lit en engloutissant le prince.
La princesse courut jusqu'à la Kasbah de son père. Désespérée, elle lui raconta la mésaventure du prince. Des jours passèrent et Tounaruz se lamentait de la disparition de son
mari.
Un soir où la lune se reflétait dans
la rivière, Toda, qui se promenait au bord, vit apparaître de petites lumières qui dansaient sur l’eau et soudain la rivière s'ouvrit. Toda vit alors un vieil homme à la barbe blanche assis sur
le trône et à côté de lui se trouvait un jeune homme aux yeux bleus comme l'eau, aux cheveux bruns et qui portait un petit chapeau. Toda reconnut tout de suite le mari de la princesse et courut
avertir sa maîtresse de cette apparition :
" Princesse ! Princesse ! J’ai vu le
jeune homme que tu as épousé "
" Amène-moi à lui " lui dit
brusquement la princesse.
Toda conduisit donc Tounaruz au bord
de la rivière et comme sa servante, elle aperçut le vieux monsieur assis sur le trône et à côté de lui le jeune prince. La princesse reconnut aussitôt son mari et se mit à danser devant lui et le
vieux monsieur. Tout à coup, le prince lui aussi reconnut celle qu'il avait épousée et éleva la voix :
" Père, regarde c'est avec elle que
je me suis marié "
Le vieux monsieur demanda
:
" Toi, belle étrangère, que fais- tu
ici ? "
" Je suis venu chercher l'homme que
j'ai épousé "
" Tu as la promesse du roi des eaux
mais souviens-toi toujours de la raison pour laquelle tu as perdu ton époux. La curiosité peut être dangereuse ! "
Et les eaux se refermèrent laissant
sur la rive Tounaruz et le prince, heureux de se retrouver.